Jarrive quelques heures davance la station de train de la capitale. Linquitant trafic me rendait nerveux de manquer mon transport vers Aswan, tout au sud de lgypte. Mais jai pris le Metro, et jy tais en un claquement de doigt. Lembarquement se fait 21h10 et mon night train me dposera destination dans plus ou moins 14 heures. Ici, on oblige les touristes rserver leur place dans les sleeping car seulement (au prix de 80$US par tte). Lorsque je me rveillerai, je serai dj des centaines de kilomtres au sud du Caire, en direction du Soudan. Brinquebalant, le vieux train ralentira sa vitesse au matin, dlaissant dj la majorit de ses passagers Luxor et la Valle des Rois. Pour ma part, jallongerai mon lan jusqu me rendre Aswan, plusieurs heures ferroviaires de plus en remontant le Nil. Le paysage na plus rien voir avec le chaotique Caire: le dcor appartient dsormais aux agriculteurs. Le long du Nil, des lots fertiles stendent en quadrillage. Dans les jardins de courges et daubergines, des toges en turbans blancs bchent sans relche. Parfois, on en voit se faire secouer, assit sur des nes presque mcaniques quils auront crinqu depuis leur enclos. Puis, lorsque le train sarrtera pour Aswan, le mouvement urbain se sera gravement renclench (Aswan : population 312 000). Selon mes plans, me rendre mon auberge pieds semble dfinitivement possible. Je me faufile donc au travers de la foule et part sous les arcades du bruyant souk de la vieille ville. March aux odeurs. Un vantail de paniers et de poches dpices amens des pays du sud armatisent lair de fleurs dhibiscus, de cumin et de vanille. De grandes boubous venues de Nubie enjambent presque les femmes voiles avec leur long corps dchassier. Aux magasins de chaudrons, dor et de chaussures de cuir sentremlent quelques boutiques de souvenirs poussireux, l o les marchands affams ont ressorties leurs vieilles cartes postales dcolores des bonnes annes touristiques davant la rvolution de 2011. Taamiyya Taamiyya (Falafel Falafel) me lance un gamin imberbe de huileux o il saffairait trancher du navet. toges des torches tentent damadouer les touristes pour leur vendre des escapades en pniches ou en felouques jusquaux dunes du versant ouest. Ils sont insistants mais au moins, je saurai o les trouver en cas durgent besoin de prendre le large. Lauberge que je me suis dnich se trouve sur lle Elephantine, bout de terre sparant en deux les eaux du Nil. Jarpente le labyrinthe du village (Siou) la recherche du Hamo House alors quon me salam aleykoum de devant les demeures rudimentaires fait de ciment dpeint ou de terre battue. Parfois, au tournant dun passage, un horrible trou ordures souvre entre deux murets. Quelques matous rachitiques lveront la tte. Ils sont nombreux chercher quelques carcasses de poisson pan caches sous le poid des bouteilles de plastique vides. Un dernier troit corridor de sable mamne finalement au versant le plus loign et le plus silencieux dElephantine. Plus rien ne me fait penser au chaos du Caire ici, ni mme mon arrive sur Aswan, peine 1 heure derrire moi. Quatre jeunes chiens de fortune maccueillent en battant de la queue alors que se prsente le Hamo de la devanture. De sous sa robe dhomme des sables, Hamo me sourit dun rpugnant croissant tartreux, presquun piano avec ses dents passant dun noir cari au blanc laiteux de livoire. Lendroit est parfait pour le repos et lhte est plus que serviable. Je peux trs bien imaginer les bons moments pr Covid ici, lauberge pleine de voyageurs de passage en attente de leur prochain Visa. La maisonnette de Hamo est vide de touriste, la majorit dentre eux ayant optes pour des chambres plus prs des quais. Pour les prochains jours, sur la terrasse inoccupe de lhostel, je regarderai les felouques glisser sur londe clmentine des fins tide dAswan. Sammy, le vieux cuisinier berbre, attend que je un autre de ces cafs poudreux quil sait si bien faire.

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